De la posture
De la posture
C’est marrant, mais la première fois que j’ai posté une annonce concernant l’initiative généreuse, gratuite, bénévole et solidaire que nous sommes quelques-uns à avoir lancée sur un fil d’actu de Linkedin d’un de mes contacts, la première réaction d’un membre de la communauté Linkedin a été de m’interpeler, sans me connaître et de me dire : « ton truc, c’est pour pour faire du biz, pour récupérer de la data ou pour faire un peu des deux ? »
Je me suis dit « c’est marrant, cet intrigant n’a pas du voir que nous faisions ça pour aider les entrepreneurs ! »… et puis j’ai vu le cynisme et l’incrédulité dans les quelques mots posés là, comme des flèches de bêtise, guidées par la des réflexes poussant à remettre en question toutes les choses du quotidien, comme nous y invitent les chaînes d’info, les réseaux sociaux, les tristes sirs de tous bords, depuis une quinzaine d’années.
J’ai répondu très poliment. Parce que ma maman m’a appris deux ou trois règles de politesse de la vie en générale que j’applique au web en particulier, pour éviter que dans mon quotidien, internet ne devienne un nouveau far-west où les zozos pseudonymés se prennent pour un autre et qu’ils ne transforment mes douces pages 3.0 en bazars à fabriquer du client pour Sainte-Anne.
Bref.
J’ai répondu très poliment, donc, au quidam numérique que « oui, il avait raison », et qu’il faudrait que je mette tout le RGPD de rigueur très vite en place pour qu’aucune place ne soit laissée au doute, parce que dans mon élan de générosité, j’avais totalement oublié cette question : dans la hâte de vouloir rendre service, j’en avais oublié d’être exemplaire ! Damned ! Appliquant ici le « done is better thant perfect », j’aurais du le voir venir !
Et puis j’ai oublié, parce que fort heureusement, il y a des âmes simples et amicales dans un monde secoué de toutes parts par le covid19.
Il faut que je vous dise ce dont je parle, tout de même. Nous avons lancé entrepreneurs-covid19.com sur la base de la vieille plateforme du TimeFunding, startup montée en 2016/2017 avec une bonne volonté, un brin de tech, de bonnes énergies, une super couverture média, …et tout ce qu’il y avait de bienveillance franchouillarde à l’époque : l’envie de voir la bonne cause avant tout, mais en ne remettant jamais en question l’absence de business model ou de proposition de valeur claire.
Ce qu’en quelques semaines, les californiens de la Silicon Valley démontèrent avec sincérité en nous offrant la possibilité de goûter au réel « rêve américain » : le give and take, le partage, le perpetual learning, et tout un tas de notions que nous avons fait « nôtres » depuis. Merci pour ça, aux Refiners de Pierre Gaubil, Géraldine Lemeur et Carlos Diaz.
Depuis quelques jours, donc, nous sommes accueillis avec beaucoup de sympathie par les différents réseaux qui n’ont rien à prouver : France Digitale, La French Tech, les Pépites Tech, des grandes écoles, des associations, et bien d’autres. Encore une fois, à quiconque prend une minute pour lire ce dont il s’agit, la réponse est claire : tu veux aider, tu aides ; tu ne veux pas, tu n’aides pas.
La sauce prend donc, parce que l’Homme est bon, en majorité. Et aussi, parce que le réseau Linkedin est quand même fait à 80% de gens qui en comprennent l’utilité ! Le réseau propage la nouvelle, booste l’initiative et nous pousse même au point que nous finissons par nous appuyer sur notre agence de relation presse (partenaire et bénévole elle aussi : StoriesOut, de Anne De Forsan), pour faire un peu parler de l’initiative, qui par ailleurs, commence à faire sortir quelques belles histoires de matching, accomplissant en cela, la raison d’être de la plateforme !
Nous sommes donc contents et je le fais savoir à mon réseau de façon plus « personnalisée ».
Il y a dans mon réseau (dont vous êtes sûrement), près de 13 000 personnes. J’aime les réseaux, je sais leur valeur et j’en anime un bon nombre : association Les Rebondisseurs Français, Groupe des Alumni GEM entrepreneurs, et je prends part à nombre d’autres, comme les Déterminés, ou le Startup Leadership Program, avec en ligne de mire, comme toujours, d’essayer d’être utile, de servir à quelque chose, de faire « au-delà » de ce que me permet mon activité professionnelle. Et j’active souvent ce réseau pour le bénéfice du plus grand nombre. En tous cas, j’essaie !
Quand je parlais du « give and take », c’est finalement une notion que j’ai toujours portée en moi : j’ai toujours pris le temps d’écouter et d’accompagner tout le monde. Au point de m’entendre souvent dire : « tu perds ton temps avec celui-là, c’est un naze », « ne fais pas attention à elle, elle fait la même chose depuis 10 ans, ça ne marchera jamais », « ces mecs ne comprennent pas leur marché, laisse tomber… », etc…
Parfois, c’est vrai, je donne du temps que je ne reverrai jamais et que j’aurais peut-être du passer à me faire pousse la barbe en me souvenant de l’époque à laquelle j’aurais pu me faire pousser les cheveux ! Mais la plupart du temps, je ne regrette pas le temps que je donne. Ne serait-ce que parce que je veux pouvoir demander la même chose à mon prochain quand j’en ai le besoin.
Give… and take.
Et c’est tellement peu français.
Ou tout au moins, j’allais le redécouvrir cette semaine.
Il y a des stars sur les réseaux. En tout cas, des gens qui prennent la parole et le melon en même temps ! C’est magique cette découverte des media qui fabrique chaque jour des pseudo-journalistes au verbe approximatif et à la ligne édito jumelle du précédent qui a trouvé le filon… on a une bande de sosies du podcast sur Linkedin qui ressemble à un casting de Secret Story : tous les mêmes. C’est même ce qui m’empêche aujourd’hui d’écouter mon épouse et associée quand elle me dit « on devrait faire un podcast », parce que j’aurais trop peur de faire la même merde que 90% des gens qui osent, eux, la diffuser.
C’est une question de goût, j’imagine, donc considérons qu’il est heureux que 10% d’entre eux fassent de jolis podcast et soyons heureux !
Alors à notre belle époque, celle des « gillets jaunes » et de Fox News, c’est donc un peu ‘Mickey à Disneyland Paris’ le mec qui prend la parole sur Linkedin : on a l’impression qu’il n’y a que ça, finalement pour exister !
Tu vends une solution SAAS, tu fais un podcast. Tu produis des patates, tu fais un podcast. Tu veux coucher avec l’assistant du CEO concurrent, tu fais un podcast. Et puis il ya ceux qui ont découvert les nouveaux outils comme Storm… alors là ! C’est la panique : c’est 1981 et la radio libre ! On a du Arthur 5.0 qui darde sous Bonaparte, je vous le dis !!!! Vivement demain ! (Je ne parle pas de Jean de la Rochebrochard, que l’on remercie d’avoir démocratisé aussi rapidement Storm, mais tout le monde n’est malheureusement pas Jean !)
Donc il y a ceux qui ont des trucs à dire et puis il y a le podcastor-junior qui prend son micro pour un magnum par 37,5 degrés, ou pour le zinc du bar du coin, et qui y déverse des banalités à faire pleurer de jalousie les meilleures chroniques culture de BFMtv. Bon… Comme partout, il y a de tout, pour tout monde, à toute heure, la foire à la saucisse, l’explosion de la bande passante, la fin de la planète à coup d’illettrisme radiophonique moderne !
Fort de ce constat, j’ai décidé de m’adresser parmi ceux qui sont en vue, aux orateurs que j’estime pertinents ou dont la ligne éditoriale colle avec mon urgence : faire connaître l’initiative bénévole, gratuite, et solidaire que nous venons de lancer. Normal. J’ai pensé : ces gens-là sont bons, ils sont super sollicités parce que ce qu’ils font est reconnu, et pour une fois, on les sollicitera non pas pour une offre commerciale ou pour un quelconque bénéfice pro, mais bien pour une action bénévole, gratuite, sincère et solidaire…
Forcément, ils vont accueillir le projet à bras grands ouverts !
Give and take, quoi !
La posture de la star du biz sur Linkedin est fascinante.
Et c’est quelqu’un qui a bossé 15 ans en télévision sur les programmes les plus égocentrés et vides de sens de la planète qui vous parle ! J’insiste !
Le mec qui tient un blog, ce gars qui a de la « légitimité » parce qu’il invite un autre gars pour parler d’un sujet identique depuis 200 numéros, ce gars se prend pour le Michel Drucker de YouTube, le Cyprien du mobile, le Stephen Colbert version Bloomberg, à ceci près, qu’il a fait l’X, HEC ou tout un tas d’autres écoles prestigieuses (qui gagneraient à former à l’humilité et à l’intelligence sociale et circonstancielle) et qu’il fait évidemment plus de fautes de français qu’une travailleuse du sexe du bois de Boulogne à la minute. Ce qui, je vous l’accorde, en matière de journalisme en 2020 n’est plus un handicap du tout.
Autant vous le dire tout de suite : je n’ai pour l’X ou pour HEC que du respect ayant moi-même prétendu un jour atteindre une grande école et en ayant même traversé une pendant quelques années, le temps d’y dérober un diplôme : je respecte la voie de l’excellence, mais j’admire plus l’intégrité et l’excellence « urbi et orbi » de mon prochain… mais le débat n’est pas là.
En ce qui concerne mes demandes de relai d’information au sujet de mon initiative, je comprendrais parfaitement un refus venu d’un CEO-podcasteur trentenaire, bouffi de millions de levées de fonds, ayant troqué le boulot de CEO pour celui de pantin télégénique sur-sollicité au point même que je l’anticiperais…
Mais jamais je ne m’étais préparé à des réponses du type : « désolé, je ne comprends pas la proposition de valeur, donc non, merci, je choisis mes combats ».
« Mec : le combat, c’est la survie de l’espèce ! »
(je considère les entrepreneurs comme une espèce et j’aimerais qu’elle ne soit pas en voie d’extinction prochainement)
Quant à la proposition de valeur : faire se rencontrer des entrepreneurs avec des bénévoles ayant les compétences requises…. Heu, s’il faut avoir un diplôme supérieur à celui que tu arbores sur ton profil pour la comprendre, alors je tombe par terre et l’humanité n’existe plus, nous allons tous mourir dans d’atroces souffrances et le CAC ouvrira lundi à 2200 !
15 ans de télévision, passées à fabriquer des Loanas et des Nabilas et me voilà atterré par des postures définitives d’X, de HEC et d’autres, heureusement fort peu nombreux, qui ne prennent pas le temps de se demander s’ils n’auraient pas mieux fait de ne pas répondre ???
Le mal est fait !
Je suis de ceux qui pensent que l’on choisit, certes, ses combats, mais en l’occurrence, à l’heure de la solidarité et des actions bénévoles, gratuite et solidaires, il n’y a pas de place pour la concurrence, donc quand on me dit « j’ai soutenu il y a 3 semaines un truc un peu pareil qui s’adressait au personnel soignant », j’ai envie de répondre : « so fucking what ? »
J’ai personnellement donné pour le personnel soignant.
Est-ce que je me suis assis le cul sur le perron en me disant « c’est bon, j’ai donné, je donnerai pour les petits lépreux de Jakarta l’année prochaine, maintenant ! » ???
Non, évidemment.
J’ai quatre filles.
A la naissance de chacune d’entre elles, j’ai expliqué que le cœur ne se divise pas. Qu’à chaque naissance, il grandit pour faire une place équivalente à la petite sœur qui arrive dans la famille à la place qu’il a déjà faite à celles qui sont déjà là… et que l’amour grandit avec le nombre… J’ai l’impression quand je lis ces conneries de podcasteurs nombrilistes d’être un bisounours d’un autre âge. Et quelque part, j’en suis fier !
Alors que non : en business, je ne me prends pas pour un autre. Je sais juste où j’habite, je sais « briller » tout en restant à ma place.
Alors c’est peut-être contre-productif, ce texte à fleur de peau, mais franchement, ce soir, j’ai eu envie de hurler aux visages de quelques native-crétins que vous êtes nombreux à suivre.
Mais je me suis souvenu que je pouvais aussi compter sur le soutien de beaucoup de gens généreux que vous êtes nombreux à suivre. Donc je me suis abstenu, et j’ai commis ce mémo.
J’ai d’ailleurs eu un soutien tellement généreux que j’en étais ému, de la part d’un entrepreneur issu des Déterminés, qui s’excusait de n’avoir pas relayé l’info assez tôt, parce qu’il venait à nouveau d’être papa. Le mec s’excuse parce qu’il vient d’être papa ! Voilà : tout est dit ! Avoir le cœur sur la main n’est pas qu’une expression !
Je veux juste rappeler à tous, ici, que nous sommes actuellement, et mondialement, dans la même merde. Et que si je ne regarde que ma situation : je ne m’en sors pas si mal.
Je pourrais ainsi passer mon chemin sans regarder les autres.
J’ai fait le choix d’essayer quelque chose. Ce que je demande aux personnes qui sont à un click, c’est de relayer cette tentative. Peut-être qu’elle ne démarrera pas ? Mais j’ai depuis 10 jours, près de 600 matchings, déjà 4 ou 5 jolies histoires de collaborations incroyables, et peut-être des vies d’entrepreneurs changées. Et c’est finalement ce qui m’importe.
Ca vaut le coup. VOUS valez le coup !
Alors relayez l’info : https://entrepreneurs-covid19.com
Allez, les gens, prenez-soin du rock n’roll et gardez-vous du mal.
Nash